Le pilotage par les résultats, un « mal nécessaire » pour les enseignants ? Analyse mixte des perceptions des enseignants du primaire quant à un système d’évaluation externe en Suisse romande

Resumo

Notre recherche entend contribuer à une meilleure compréhension du rapport qu’entretiennent les enseignants avec les outils standardisés de pilotage des systèmes éducatifs. Cet article propose l’analyse des perceptions d’enseignants du primaire quant à un système d’évaluation externe des acquis des élèves dans la scolarité primaire du canton de Fribourg en Suisse. Dans ce contexte, différents types d’examens externes de fin de cycle (épreuve de référence en 2^ème et 4^ème année ; épreuve d’orientation en 6^ème) doivent permettre aux enseignants d’ajuster leurs pratiques didactiques. Une approche de recherche mixte a été choisie pour interroger l’expérience d’enseignants du primaire (1^ère à 6^ème), par entretiens individuels (N=16) et par un questionnaire (N=305). Les résultats de notre étude montrent que l’évaluation externe est généralement considérée par les enseignantes interrogés comme un «mal nécessaire». D’une part, les enseignants peuvent considérer l’évaluation externe comme utile pour leurs pratiques, surtout afin de se rassurer. Ils trouvent également les outils d’évaluation de qualité et en cohésion avec leurs pratiques en classe. D’autre part, les enseignants interrogés peuvent ressentir une certaine pression face aux épreuves, ayant notamment le sentiment que se sont davantage leurs propres compétences qui sont évaluées plutôt que celles de leurs élèves. En conclusion, il semble que le regard « ambivalent » des enseignants s’explique par le fait que l’évaluation externe les place dans une tension entre contrôle et formation. Cette tension est créée à la fois par les enjeux liés aux résultats des élèves et à l’implantation de ces dispositifs sur le terrain.